Le château porte plainte contre Netto

MÉDOC. Alors qu'il n'a pas fait affaire, Pierre Peyrusse du château Tour Castillon a retrouvé son vin dans des publicités du discounter

Pierre Peyrusse affirme qu'il n'a jamais eu l'intention de vendre son millésime 2007 au discounter Netto. (photo J. Lestage)

Pierre Peyrusse, le propriétaire du château Tour Castillon à Saint-Christoly, un cru-bourgeois appellation Médoc, vient de porter plainte à la gendarmerie de Lesparre. C'est contre le hard-discounteur Netto, enseigne alimentaire française du groupement d'indépendants Les Mousquetaires, que le viticulteur a maille à partir.

Dans le catalogue Netto

Au mois de mars, Netto a fait la promotion d'un Tour Castillon 2007, médaillé d'argent à Bruxelles, à 4,50 ? la bouteille. La publicité est apparue dans le magazine national du discounter. Elle a aussi été largement relayée par une campagne de distribution d'affichettes. Des milliers, selon le viticulteur.

Pourtant, Pierre Peyrusse, qui précise avoir été informé par des clients bretons, assure ne jamais avoir vendu une bouteille de ce millésime à Netto. Il clame haut et fort : « C'est du vin qui est réservé à ma clientèle particulière. Et pour le moment, aucune caisse n'a quitté de la propriété ! ».

Aujourd'hui, Pierre Peyrusse évoque un préjudice important porté sur l'image de son produit. Lequel devrait se négocier dans un circuit court à plus de 10 euros la bouteille. Il n'a donc pas l'intention d'en rester là.

Un erratum...

À Gaillan, Laurent Maderes, le propriétaire du Netto qui se trouve à moins de 20 km des vignes de Pierre Peyrusse, ne cache pas qu'il y a bien une affaire « Tour Castillon ».

Il a reçu des affichettes de sa centrale, qui ont été distribuées sur son secteur. Et il a passé une première commande de 60 bouteilles, qui ne sont jamais arrivées à destination. Au même prix, il a été livré d'un Médoc 2006. Du coup, à l'échelon national, Netto a dû produire un erratum pour informer la clientèle dans les différents magasins où les bouteilles étaient attendues...

Hier, Laurent Maderes, n'excluait pas de se porter partie civile dans ce dossier. « Des clients sont venus me demander le Tour Castillon, mais je ne l'avais pas. De la même façon, je subis un préjudice ». Et son explication vient compléter un peu celle du viticulteur pour la compréhension de cette affaire.

Les langues se délient

Si le vin de Pierre Peyrusse a pu être communiqué dans le catalogue de la maison Netto, c'est parce qu'il y a eu une négociation, sinon un début de transaction.

Celle-ci s'est déroulée entre le viticulteur et une maison bordelaise de négoce. « J'ai été approché en décembre 2009. Mais l'affaire ne s'est pas faite. Je n'ai rien vendu », confirme encore le patron du château Tour Castillon.

Chez Netto, Pierre Maderes est plus bavard sur le nom du négociant, la société Borie Manoux. Pour lui, c'est entre le propriétaire et le négociant bordelais qu'il faut chercher la faille. Netto n'aurait fait que communiquer sur un produit qu'il pensait acquis.

Borie Manoux et Netto...

Noël Richard, collaborateur chez Borie Manoux, évoque une affaire qui n'a plus lieu d'être commentée. Persuadé que le viticulteur avait retiré sa plainte contre Netto, ce qui n'était pas le cas hier, le négociant convient que « les rotatives sont peut-être allées un peu trop vite ».

En clair, le contrat de vente, qui n'a finalement pas été signé entre le viticulteur et la maison de négoce, a fait l'objet d'une « transaction » anticipée. C'est-à-dire de Borie Manoux vers Netto, qui n'a jamais eu la marchandise entre les mains.

Voilà comment le millésime 2007 Tour Castillon se serait retrouvé sur le catalogue et les affichettes d'une enseigne de la grande distribution.

Aujourd'hui, les enquêteurs vont devoir plonger dans les méthodes d'un marché qui n'obéit pas toujours à des règles très strictes. Un bon d'achat « signé » peut parfois se révéler utile...

Auteur : Julien lestage
j.lestage@sudouest.com

http://www.sudouest.com/gironde/actualite/article/915473/mil/5895347.html